IV.
Au sujet du -baptême, excellent en lui-même, les Donatistes ont pris occasion de devenir mauvais, comme les Juifs sont devenus mauvais sous une loi bonne. De même donc que les Juifs seront jugés d'après leur propre loi qui est devenue un mal pour eux, parce que, dans leur malice, ils ne l'ont point observée ; de même les Donatistes seront jugés d'après leur baptême que, dans leur malice, ils ont regardé et conservé comme bon. Quand un juif vient à nous pour se convertir au christianisme, nous détruisons en lui, non pas les biens qu'il tient de Dieu, mais le mal dont -il est lui-même l'auteur. Nous corrigeons en lui l'erreur qui jusque-là l'empêchait de croire que le Christ est venu, qu'il est né, qu'il a souffert, et qu'il est ressuscité ; dès que son infidélité a disparu, nous posons en lui les fondements de la foi à toutes ces vérités. De même nous lui montrons qu'il a tort de s'attacher aux ombres et aux figures des sacrements anciens ; nous lui prouvons que le temps prédit par les Prophètes, où ces ombres devaient disparaître, est arrivé. Mais s'agit-il de sa croyance au seul Dieu véritable qui a créé le ciel et la terre, de sa haine pour les idoles et les sacrilèges des nations, de sa foi au jugement futur, de son espérance à la vie éternelle et à la résurrection de la chair ; nous l'applaudissons sur tous ces points, nous en proclamons avec lui l'infaillible vérité; nous l'affermissons enfin dans la croyance qu'il possédait déjà, dans les traditions légitimes qu'il conservait avec soin. De, même quand un schismatique ou un hérétique vient à nous pour entrer dans le sein de l'Eglise catholique, nous nous attachons à détruire en lui tout principe de schisme et d'hérésie; mais quant aux sacrements légitimes qu'il a conservés; quant aux croyances véritables que nous trouvons en lui, nous nous gardons bien d'y porter une main profanatrice et sacrilège, ou de réitérer les sacrements que nous savons lui avoir été conférés. En nous appliquant à corriger les défauts humains nous nous abstenons de condamner les remèdes divins. Chercher à guérir des plaies qui n'existeraient pas, ne serait-ce point s'exposer à imprimer des blessures sur un corps parfaitement sain? Je suppose enfin que sur tel ou tel point qui touche à la foi chrétienne et catholique, par exemple sur le dogme de la Trinité, je trouve cet hérétique dans l'erreur tandis qu'il a reçu le baptême selon toutes les règles évangéliques et ecclésiastiques, je m'attacherai à réformer son intelligence, mais je ne violerai pas le sacrement divin. Je parle des Juifs, des schismatiques, des hérétiques, et en général de tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, sont victimes de l'erreur, lors même que, du reste, ils appartiendraient à Jésus-Christ.
