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Werke Johannes Cassianus (360-435) Collationes patrum Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse

AVANT-PROPOS

Il n'y a peut-être pas de livre qui ait été plus estimé et plus étudié par les saints que les Conférences de Cassien. Beaucoup en faisaient leur nourriture habituelle, et tous les grands ordres religieux y ont puisé , comme à une source abondante, les enseignements de la perfection.

Saint Benoît en prescrit la lecture, dans sa règle, avec celle de l'Ancien et du Nouveau Testament1. « Les conférences des Pères du désert, dit-il, renferment les exemples et les leçons de vertu que nous ont donnés ces religieux qui vivaient dans l'obéissance et la sainteté.

Ne doivent-elles pas nous faire rougir de nos négligences et de nos fautes? »

Saint Jean Climaque les cite avec éloge (4° degré, art. 104). Saint Grégoire le Grand en copie plusieurs passages dans ses ouvrages, et saint Bernard leur fait également de nombreux emprunts.

Vincent de Beauvais écrit dans son Miroir historial (Liv. XX, § 10) : « Ce fut sous l'empire d'Honorius que brilla un homme célèbre, plein de sagesse et d'éloquence, l'ermite Jean Cassien. Ses ouvrages sont précieux pour l'édification des âmes , et remarquables par la beauté de leur forme. Parmi tous les écrits des anciens que j'ai lus, je ne crois pas en avoir trouvé de plus utiles à ceux qui cherchent le progrès spirituel et qui tendent à la perfection. On voit dans la Vie de notre bienheureux père saint Dominique, que c'est en s'appliquant à la lecture et à l'intelligence des Conférences de Cassien qu'il apprit les voies du salut, et qu'il arriva à une si haute sainteté. Ce livre, en effet, parle de la pureté du coeur, des vices et de la perfection de toutes les vertus. Son étude assidue, secondée par la grâce, conduisit le disciple du Christ à la pureté parfaite de l'âme, à la contemplation la plus élevée, et à la science spirituelle la plus avancée. »

Surins, dans la Vie de saint Thomas d'Aquin, nous apprend que « ce grand saint, dès qu'il le pouvait, s'empressait de lire quelque chose des Conférences des Pères, afin de ne pas laisser son coeur se refroidir dans ses études difficiles, et de pouvoir mieux ensuite se recueillir et s'élever à la contemplation des choses divines. Et en cela il suivait l'exemple de saint Dominique, qui aimait particulièrement ce livre, et y trouvait un grand secours pour arriver à la vie parfaite. » Les nombreuses citations des Conférences de Cassien qui se trouvent dans la Somme de saint Thomas confirment le témoignage de Surius.

Qu'est-ce donc que ce livre, qui date des premiers siècles de l'Église, et que recommandent des hommes si saints et si savants? Les Conférences de Cassien sont le manuel le plus ancien de la vie religieuse, le miroir le plus fidèle de la perfection des temps apostoliques, une source très- pure que Dieu fit jaillir dans la solitude, et dont les eaux vivifiantes peuvent désaltérer toutes les âmes qui aspirent à la sainteté.

Lorsque l'Église sortit victorieuse des catacombes, sous Constantin, ce fut pour livrer de nouveaux combats. Les hérésies remplacèrent les persécutions, et la protection des princes devint plus dangereuse que leur tyrannie. Le baptême ne conduisait plus au martyre, mais aux honneurs : beaucoup le recevaient par intérêt plutôt que par conviction. La foi s'affaiblissait, et les moeurs se corrompaient clans le repos et le bien-être.

Dieu cependant veillait sur son oeuvre et la protégeait contre tous les dangers. Pour résister aux attaques des hérétiques et aux séductions des princes, il donnait à son Église des docteurs, des évêques et des souverains pontifes incomparables; et pour combattre le relâchement des moeurs et le triomphe des passions, la Providence développait partout les institutions monastiques. Des hommes et des femmes de tout âge, de toute condition, se retiraient dans les déserts ou dans les cloîtres , pour y renouveler la vie des premiers chrétiens, et y perpétuer la pratique des conseils évangéliques. Ces nouveaux martyrs rendaient témoignage de la vérité, non plus par une mort prompte et glorieuse, niais par une longue vie de privations et de renoncements, sacrifiant chaque jour leurs biens, leur corps et leur volonté, par les trois voeux de pauvreté, d'obéissance et de chasteté.

Dès le IIIe siècle, ce grand spectacle fut donné au monde. La vie religieuse fut l'arche sainte qui préserva l'Église de la décadence, et la sauva de ce déluge de barbares qui venaient châtier et détruire l'empire romain. Elle fut la sève du christianisme, l'école de sainteté qui lui donna tant d'apôtres infatigables et d'incorruptibles évêques. Les disciples de saint Antoine, de saint Basile, en Orient, de saint Hilaire et de saint Martin, en Occident, furent le sel qui empêcha la terre de se corrompre, et leur postérité sera toujours pour les peuples une cause de salut, une source inépuisable de vertu et d'enseignement.

Dieu avait fait naître de grands docteurs pour éclairer l'Église; il voulut en donner un spécial à la vie religieuse, et ce fut Cassien, le contemporain de saint Augustin et de saint Jérôme.

Cassien voyagea longtemps en Orient, comme Platon, à la recherche de la sagesse et de la perfection. Il consulta les sages du désert, ces anachorètes qui vivaient dans l'intimité divine; il étudia leurs exemples, écouta leurs leçons, et rapporta en Europe des doctrines plus sublimes que celles qui charmaient les philosophes de l'Académie. Les Conférences de Cassien contiennent toutes les richesses recueillies dans son voyage. On aime à le suivre et à visiter avec lui ces pieux solitaires, courbés sous le poids des années et des austérités; on assiste aux moindres détails de leur existence, et on entend les entretiens de ces religieux, dont le pinceau chrétien de Pietro Lorenzetti a si bien représenté, sur les murs du Campo-Santo de Pise, les poétiques légendes.

Nous ne connaissons guère la vie de Cassien que par ses ouvrages. Quelques dates et quelques faits seulement la rattachent à l'histoire de l'Église. Jean Cassien naquit en 360. Presque tous les auteurs le disent Scythe d'origine, mais sans préciser le lieu de sa naissance ; quelques-uns cependant le font naître en Provence : il est certain, du moins, qu'il nous appartient par les années les plus fécondes de sa vie, par ses fondations , ses ouvrages et sa mort. On dit qu'il fut converti par saint Jean Chrysostome, dont il se reconnaît le disciple. Il est probable qu'il fut en rapport avec ce grand saint avant d'aller en Terre sainte, et que ces relations furent une des causes qui le décidèrent à venir le rejoindre plus tard à Constantinople.

C'est au couvent de Bethléhem, près du berceau du Sauveur, que nous le trouvons pour la première fois avec l'abbé Germain, cet inséparable ami dont il parle au commencement de ses Conférences. Ceux qui les connaissaient disaient qu'ils n'avaient qu'une âme pour deux corps. Ils se formèrent ensemble aux exercices de la vie religieuse, et, après avoir passé quelques années sous la règle de ce monastère de la Palestine, ils résolurent d'aller visiter les solitaires de l'Égypte, dont la réputation était grande dans toute l'Église. Le désir de la perfection leur fit parcourir pendant plus de sept ans les déserts les plus reculés de la Thébaïde, pour y recueillir les enseignements des anachorètes, que Cassien nous a conservés dans ses Conférences. Il y laisse presque toujours la parole à l'abbé Germain, qui était plus âgé que lui, gardant sans doute le silence par modestie, et se faisant adresser seulement les conseils qui pouvaient indiquer ses défauts. (Conf. XIV, 9. )

Ce fut vers le commencement du ve siècle que les deux amis quittèrent la solitude pour se rendre auprès de saint Jean Chrysostome, élevé au siége de Constantinople en 398. Le saint évêque, qui connaissait leur mérite, les appela peut-être pour combattre les moines origénistes, et l'aider dans ses difficultés avec le patriarche d'Alexandrie. Peut-être fuyaient-ils eux-mêmes les discordes qui troublaient alors les solitaires de l'Égypte et de la Palestine, et voulaient-ils consulter celui qui était l'oracle de l'Église d'Orient.

Cassien se déclare lui-même le disciple de saint Jean Chrysostome, et se plaît à lui attribuer tout ce qu'il écrit dans son Traité de l'Incarnation2. Il l'assista sans doute dans cette lutte mémorable que le grand évêque eut à soutenir contre les violences, les intrigues et les corruptions de la cour de Constantinople. Saint Jean Chrysostome fut pour l'Église d'Orient ce que saint Ambroise était pour l'Église d'Occident, le défenseur de la foi, le protecteur des faibles, et le représentant de la dignité humaine au milieu des décadences de l'empire. Cassien fut témoin des miracles de son éloquence et de sa sainteté; il l'aida dans ses efforts pour réformer les moeurs, et il lui resta fidèle, au péril de ses jours, dans les épreuves de l'exil, puisqu'il fut choisi par le clergé de Constantinople pour aller défendre sa cause devant le souverain pontife. L'historien Théodore dit formellement que l'abbé Germain et le diacre Cassien portèrent à Rome les lettres où le clergé expliquait les violences dont le saint patriarche avait été la victime3. Le pape, dans sa réponse à ses lettres, mentionne les envoyés qui en avaient été porteurs4. Baronius ne doute pas que ce diacre Cassien ne soit l'auteur des Conférences.

Ce titre de diacre prouverait-il que Cassien n'avait pas voulu, par humilité, accepter l'honneur du sacerdoce? Ne serait-il pas plutôt l'indication d'une fonction, d'une dignité spéciale accordée à son mérite?

Après avoir rempli sa mission et perdu son illustre maître en 407, Cassien retourna-t-il parmi ces solitaires, comme semble le croire Baronius? N'est-il pas plus probable qu'il resta quelque temps à Rome, et qu'il vint se fixer à Marseille? L'Égypte était profondément troublée par des hérésies, et les déserts que Cassien avait visités n'en étaient pas préservés. Son cher couvent de Bethléhem , témoin de son enfance religieuse, avait été envahi par les pélagiens, qui avaient pour complice l'évêque de Jérusalem. Pouvait-il espérer y trouver la paix, et se plaire au milieu des persécuteurs de saint Jean Chrysostome? A Rome, sans doute, il avait rencontré quelques évêques des Gaules, il se lia avec eux, et les suivit sur cette terre qui devait profiter de la meilleure moitié de sa vie.

Nous le trouvons à Marseille avant 416 , exerçant les fonctions du saint ministère, et y développant, par ses exemples et ses enseignements, la vie religieuse et la perfection qu'il avait étudiée en Orient. Il fonda dans cette ville un couvent d'hommes et un couvent de femmes; il établit aussi des religieux à Saint-Maximin, auprès du tombeau de sainte Marie-Madeleine, et des solitaires dans le désert de la Sainte-Baume, où il renouvela les merveilles de la Thébaïde.

Le P. Lacordaire parle ainsi de Cassien dans ces pages si pures que sa pieuse main offrit à l'illustre pénitente : « Amoureux de la solitude où il avait vu tant de grands spectacles, il ne tarda pas à chercher un asile où il pût fuir quelquefois le bruit des flots et des hommes. La Sainte-Baume devait naturellement toucher son coeur, et rien sans doute ne pouvait lui rappeler davantage ses admirations du Nil. Il y vint donc avec quelques-uns des siens, et y plaça cette garde qui, pendant mille ans, du IVe au XIIIe siècle, fut fidèle au souvenir et aux reliques que la Providence lui avait confiés. Établis en même temps à la Sainte-Baume et à Saint-Maximin, au lieu de l'extase et au lieu de la sépulture, les religieux cassianites se montrèrent dignes du choix qui avait été fait d'eux pour ce double monument de la grâce divine.

« On voit encore aujourd'hui, un peu au-dessous de la Sainte-Baume, vers l'Orient, un ermitage appelé l'Ermitage de Cassiers , et tout proche une fontaine d'eau vive appelée aussi la Fontaine de Cassien. La montagne qui domine cette retraite sauvage porte le même nom. Les pâtres qui errent avec leurs troupeaux dans les sites escarpés d'alentour, n'ont pas d'autre manière de désigner la montagne, l'ermitage et la fontaine. Ils ne savent qui est Cassien; mais ils répètent son nom au voyageur, et l'écho, fidèle à la tradition, le redit après eux, sans en savoir plus qu'eux5. »

Cassien mourut en 440, à l'âge de quatre-vingts ans. Il laissait à l'Église, avec ses disciples, trois ouvrages : les Institutions, les Conférences; et le Traité de l'Incarnation.

Les Institutions, écrites avant 417, exposent en douze livres les usages des couvents de l'Égypte, les causes des vices principaux, et les moyens de les combattre. Nous espérons les publier prochainement.

Les Conférences furent écrites entre 419 et 427. Elles sont au nombre de vingt-quatre, et traitent les points les plus importants de la vie religieuse : c'est l'ouvrage le plus célèbre de Cassien.

Le Traité de l'Incarnation fut composé vers 430, à la demande du diacre romain Léon, qui devint le pape saint Léon le Grand. Ces ouvrages furent écrits en latin, quoique le grec fût la langue maternelle de Cassien.

Quelques auteurs ont donné à Cassien le nom de saint, et ce titre lui est même conservé dans quelques actes pontificaux relatifs à des chapelles établies en Provence[^6]. Si son culte n'a pas été autorisé dans l'Église, c'est sans doute à cause des erreurs involontaires sur la Grâce qui se trouvent dans quelques passages de ses Conférences. Si Cassien eût soupçonné qu'ils étaient contraires à la doctrine de l'Église, il les eût désavoués et rétractés lui-même, comme saint Augustin le fit pour quelques-uns de ses ouvrages. Son orthodoxie n'était pas en question de son vivant, puisque ce fut après avoir écrit ses Conférences que la Cour romaine lui fit écrire son Traité de l'Incarnation contre Nestorius; il y combat les pélagiens, et réfute lui-même ses erreurs par la définition qu'il y donne de la Grâce6.

Le pape Gélase cependant mit ses oeuvres au rang des livres apocryphes dont l'Église n'accepte pas la responsabilité, et qui doivent être lus avec prudence. Saint Prosper combattit, dans un traité spécial (Contra collatorem), l'auteur des Conférences; mais nous avons vu combien l'estimèrent les plus grand saints, et le profit qu'en retirèrent à toutes les époques les ordres religieux.

La France a vu de nos jours renaître les ordres religieux comme un secours du Ciel contre l'affaiblissement de notre foi et le relâchement de nos moeurs; et nous avons espéré leur être utile, en leur offrant cette traduction des Conférences de Cassien, qui sera également profitable à tous ceux qui désirent avancer dans la perfection chrétienne.

Le texte latin était rare; il n'en existait qu'une vieille traduction aussi difficile à trouver. Nous avons apporté à notre travail tout le soin possible, et pour le rendre plus complet, nous avons publié pour la première fois la treizième Conférence, corrigée par Denys le Chartreux, qui expose, avec une grande abondance de texte, la vraie doctrine de l'Église sur la Grâce.

Nous avons suivi l'édition des oeuvres de Cassien publiée à Leipsig en 1733, et réimprimée par M. l'abbé Migne en 1858. Nous avons aussi profité des précieux commentaires du savant bénédictin, dom Allard Gazée, et nous croyons ne nous être jamais éloigné du sens de l'ancienne traduction de Saligny, approuvée par la Sorbonne.

Si cependant, malgré toutes nos précautions, nous étions, à notre insu, tombé dans quelque erreur; si nous nous étions écarté de la vraie doctrine par quelques expressions, nous nous empressons de nous condamner nous-même, et de nous attacher au sens de l'Église comme un enfant s'attache à la main de sa mère sur une route escarpée. Son autorité sera toujours le soutien de notre ignorance et de notre faiblesse.

Pour rendre la lecture des Conférences plus facile, nous avons supprimé les titres des chapitres, souvent inutiles, et quelquefois plus longs que les chapitres eux-mêmes, et nous les avons remplacés par un titre général qui résume les points les plus importants de la Conférence. Nous avons cependant conservé leurs divisions et leurs numéros, afin de rendre les citations plus faciles. Nous avons enfin terminé par une table analytique qui permettra de trouver promptement tous les sujets traités par l'auteur.

Nous offrons notre traduction aux âmes qui aspirent à la perfection dans le cloître ou clans le monde; et nous leur demandons de vouloir bien accorder au traducteur, vivant ou mort, l'aumône d'une prière.

[^6] Voir le savant ouvrage de l'abbé Faillon, Monuments inédits sur l'apostolat de sainte Marie-Madeleine en Provence,1 vol., p. 491.


  1. Règle de Saint-Benoît, ch. XXIV, 73. ↩

  2. Ille denique ipse vobis etiam hæc, quæ a me scripta sunt, commendet : quia hæc quæ ego scripsi, ille me docuit, ac per hoc, non tam meum hoc quam illius esse credite : quia rivus ex fonte constat , et quidquid putatur esse discipuli, totum ad honorem referri convenit magistri. (De Incarn., l. VII, C. XXXI.) ↩

  3. Post Palladium, Germanus presbyter, Cassianusque diaconus, viri magnæ religionis, litteras, ab omni clero Joannis attulerunt, continentes Ecclesiam ipsam tyrannidem perpessam fuisse, Episcopo per vim militum ejecto, et in exsilium misso. ↩

  4. Ex litteris charitatis vestræ, quas per Presbyterum et Cassianum misistis. ↩

  5. Sainte Marie-Madeleine, p. 181. ↩

  6. Lib. de Incarn., ch. IV. ↩

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Übersetzungen dieses Werks
Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern (BKV)
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Avant-Propos des Conférences de Cassien sur la perfection religieuse
Einleitung: Vierundzwanzig Unterredungen mit den Vätern

Inhaltsangabe

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