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Works John Chrysostom (344-407) Ad Stelechium de compunctione liber II Au moine Stéléchius

1.

Comment, ô homme de Dieu, ô pieux Stéléchius, exécuter ce que tu demandes de moi ? Pourrai-je, moi dont l'âme est si languissante et si froide, parler dignement de la componction? Pour dire quelque chose de bon sur cette matière, il faut brûler, être embrasé de cette flamme, afin que les paroles, comme un fer incandescent, puissent s'imprimer fortement dans le coeur, Mais, hélas ! ce feu, je ne le possède pas; en moi, tout est cendre et poussière. Et comment allumer cette flamme dans mon coeur, tandis que tout me fait défaut, et la première étincelle de ce fou sacré, et ce qui sert à l'entretenir, et le souffle puissant de l'Esprit, qui par sa vertu la ranime en lui communiquant une ardeur divine, tant sont épaisses les ténèbres que mes nombreux péchés ont répandues sur mon âme? Pour moi, je l'ignore. C'est à toi, qui commandes, de me dire comment je dois m'y prendre pour t'obéir et mener à bonne fin le travail que tu me prescris. Volontiers, je te prêterai le ministère de ma parole; mais prie Celui qui guérit les coeurs contrits, qui donne aux pusillanimes le courage, et qui relève le pauvre de la poussière; prie-le d'allumer dans mon coeur, ce feu qui dévore le péché, qui arrache l'âme endormie au sommeil de la chair, lui donne des ailes pour s'élever au ciel, et du sommet de ces hauteurs divines, nous fait voir toute la vanité, tout le néant de la vie présente, Quiconque n'a pu monter là-haut, ni se placer à ce point de vue céleste ne peut voir ni la terre, ni les choses de la terre, comme il faut les voir.

C'est qu'en effet il y a ici-bas tant de choses qui obscurcissent la vue, tant d'objets qui assourdissent les oreilles et qui embarrassent la langue, qu'il faut nécessairement nous soustraire à ce tumulte, nous dérober à cette fumée; puis ensuite, nous réfugier dans ce lieu solitaire où règne un calme profond, et une sérénité parfaite; où l'on n'entend aucun bruit; où les yeux demeurent fixés sur le grand Dieu , seul objet de leurs regards; où les oreilles, que rien ne trouble, ne sont attentives qu'à une seule chose, écouter les divins oracles, s'enivrer de la ravissante harmonie des célestes concerts, harmonie spirituelle qui exerce un tel empire sur l'âme que, quiconque en a une fois goûté les charmes, trouve désormais insipide et le manger, et le boire, et le dormir; tant sont invincibles les attraits de cette divine mélodie ! Ni le fracas des affaires séculières, ni la multitude innombrable des choses corporelles ne saurait faire cesser cette sorte de ravissement. Le bruit des tempêtes qui règnent dans ce bas-monde, ne monte pas jusqu'à la hauteur où cette âme réside. De même que ceux qui se sont retirés sur les sommets des montagnes, ne voient et n'entendent plus rien de ce qui se passe ni de ce qui se dit dans la cité, excepté peut-être un bruit confus, et aussi peu agréable que des bourdonnements d'insectes : de même, ceux qui se sont dégagés des choses de cette vie, et qui, prenant un essor sublime, ont pu parvenir au sommet de la vraie philosophie, sont entièrement étrangers à tout,ce qui -se passe parmi nous; nul objet terrestre ne les touche plus.

Tant que l'âme vit dans ces bas lieux, le corps et les sens l'enveloppent de mille liens, et amassent de toutes parts contre elle, au moyen des frivoles passions, une effroyable tempête. L'ouïe, la vue, le toucher, l'odorat et la langue amènent en nous du dehors une foule de maux. Mais l'âme a-t-elle pris son vol vers les cieux, et vient-elle à donner son attention aux choses spirituelles, alors, et dès ce moment même, elle ferme la porte aux pensées extravagantes; .non qu'elle condamne les sens à l'inaction, mais en les élevant à sa propre hauteur, elle imprime à leurs opérations une direction surnaturelle.

Il en est de cette âme comme d'une maîtresse sévère et impérieuse qui, voulant composer un parfum d'un très-grand prix, a besoin, pour l'exécution de ce travail, d'un grand nombre de bras. Que fait-elle alors? Ayant fait lever ses servantes et les ayant appelées à elle, elle commande à l'une de faire, avec l'instrument accoutumé, le triage des aromates qui n'ont pas encore été employés; à l'autre de veiller avec précaution, la balance à la main, à ce qu'il n'entre dans la composition du tout ni plus ni moins que la quantité nécessaire d'éléments, sans quoi la juste proportion serait détruite; à celle-ci elle enjoint de broyer ce qui doit être broyé, et à celle-là de préparer au feu ce qui doit passer par le feu; à cette autre elle ordonne de mêler ensemble les choses qui doivent être mélangées; à une autre de se tenir prête avec le vase à parfums; et enfin à une autre encore elle prescrit et impose telle et telle occupation différente; si bien que cette maîtresse, appliquant à la composition de son parfum et l'esprit et les mains de ses servantes, ne laisse rien languir ni se perdre, grâce à son soin diligent; on la voit continuellement veiller sur ses servantes, ne leur permettant pas de promener au dehors leurs regards, ni de les arrêter sur aucun objet étranger à l'oeuvre actuelle. Il en est ainsi de l'âme qui prépare cet inestimable parfum, je veux dire la Componction. Voyez-la, en effet, appelant à elle les sens les employant à son oeuvre , et leur interdisant l'inaction et la paresse.

Cette âme vient-elle à se recueillir en elle-même, pour méditer quelqu'une de ses obligations , ou un point de la volonté divine, voyez comme elle interdit aux sens leurs opérations habituelles, comme elle enchaîne momentanément leur activité, de peur que ces sens, laissant entrer mal à propos quelque vain objet, ne troublent ainsi la douce paix qui règne au dedans. Que des voix viennent frapper les oreilles; que des spectacles se présentent aux regards : rien n'est reçu à l'intérieur; parce que les sens, avec leurs énergies respectives, sont tournés vers l'âme et tenus en bride par elle. Que parlé je de voix et de spectacles? Parvenus à cet état de l'âme, beaucoup en viennent à ne pas remarquer ceux qui passent à côté d'eux, ni même ceux qui les poussent. Telle est en effet la puissance de notre âme que, si nous le voulons, nous pouvons facilement, tout en restant sur la terre, être aussi insensibles à tout ce qui se passe ici-bas, que si nous étions déjà au séjour de la paix, dans le ciel !

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Au moine Stéléchius

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