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Works Tertullian (160-220) De paenitentia De la pénitence

III.

Dans quelles circonstances la pénitence est-elle juste et légitime, c'est-à-dire dans les actions réputées criminelles? le lieu demande cette explication, mais elle peut sembler oiseuse. En effet, une fois que l'on connaît le Seigneur, l'esprit, éclairé par son auteur, arrive de lui-même à la connaissance de la vérité, et admis aux préceptes du Seigneur, apprend de ces mêmes préceptes à regarder comme péché tout ce que Dieu défend. Dieu, en effet, étant le bien infini, il est clair qu'un être bon ne peut haïr que le mal, puisque d'amitié entre les contraires, il n'en existe pas. Toutefois il ne sera point hors de propos de dire, en passant, qu'il y a des péchés charnels et des péchés spirituels. L'homme est formé par la réunion de deux substances: il devra donc pécher suivant sa double nature. Mais ils ne diffèrent pas entre eux, par la raison qu'il y a deux êtres distincts, l'esprit et le corps. Loin de là, ils sont plutôt semblables, par la raison que deux êtres distincts concourent à un seul et même péché. Ainsi, que personne ne s'autorise de la diversité des substances pour établir qu'un péché est plus léger ou plus grave qu'un autre. La chair et l'esprit appartiennent au même Dieu; l'une fut pétrie par sa main, l'autre créé par son souffle. Puisqu'ils appartiennent également au Seigneur, quelle que soit la substance qui pèche, elle offense également le Seigneur. Pourquoi distinguer les actes de la chair et de l'esprit, puisque dans la vie, dans la mort, dans la résurrection, la chair et l'esprit sont tellement unis et inséparables, qu'ils ressuscitent également pour la vie et pour le jugement, parce que c'est ensemble qu'ils ont vécu dans le péché ou dans l'innocence?

Nous avons établi ces principes afin de faire bien comprendre que, s'il y a eu péché, la nécessité de la pénitence n'est pas moindre pour une substance que pour l'autre: leur crime est commun, leur juge est le même, c'est-à-dire Dieu; il faut donc aussi que le remède de la pénitence soit le même.

On nomme les péchés, les uns corporels, les autres spirituels, parce que tout péché se commet par action ou par pensée. Pour qu'il soit corporel, il faut qu'il y ait eu action, parce que le fait peut être vu et touché à la manière d'un corps. Le péché spirituel, c'est celui qui réside dans l'esprit, parce qu'un esprit ne peut ni être vu, ni être saisi. Il est démontré par là qu'il faut éviter et purifier par la pénitence, non-seulement les actions criminelles, mais encore les prévarications de la volonté. Si, en effet, la faiblesse de l'homme ne juge que le fait extérieur, parce qu'elle ne peut descendre dans les ténèbres de la volonté, nous ne devons pas en conclure que nous pouvons, sous l'œil de Dieu, nous endormir sur les crimes de la volonté. Dieu suffit à tout; rien de ce qui peut l'offenser n'est éloigné de sa présence. Puisqu'il connaît tout, il en tient nécessairement compte pour prononcer son jugement; il ne peut ni dissimuler ni mentir à sa propre science. Quoi donc? la volonté n'est-elle pas l'origine de l'acte? Que quelques-uns puissent être imputés au hasard, à la nécessité ou à l'ignorance, qu'importe? Après ces exceptions, les autres naissent de la volonté. Puisque la volonté est la source du mal, la faculté, qui a eu la part principale dans la faute, ne sera-t-elle pas punie d'autant plus justement qu'elle n'est pas même mise hors de cause quand un obstacle entrave son exécution? car elle est responsable d'elle-même vis-à-vis d'elle-même. Cette impuissance d'exécution ne pourra lui servir d'excuse: elle a fait tout ce qui était en elle.

D'ailleurs, comment le Seigneur nous prouve-t-il qu'il ajoute à la loi ancienne, sinon en interdisant les prévarications de la volonté? Il appelle adultère non pas seulement celui qui a violé la sainteté du mariage, mais celui qui l'a profanée par la convoitise du regard. Tant il est vrai que l'esprit, pour n'avoir pas vaincu l'obstacle qui l'empêche d'agir, n'en est pas moins coupable, et qu'il a réalisé l'acte au fond de sa volonté. Puisque telle est la puissance de la volonté, pourquoi, dès-lors qu'elle a joui intérieurement d'elle-même, ne serait-elle pas regardée comme une action? Elle sera donc punie comme une action. C'est une folie que de dire: J'ai voulu, mais je n'ai pas exécuté. Que dis-je? Tu dois consommer l'acte, puisque tu le veux; ou ne pas le vouloir, puisque tu ne le consommes pas. Mais voilà plus: tu te condamnes toi-même par l'aveu de la conscience. Car, si tu désirais le bien, tu t'efforcerais de l'accomplir; or, tu n'accomplis pas le mal, donc tu ne devais pas le désirer. De quelque côté que tu te tournes, tu es coupable ou d'avoir voulu le mal, ou de n'avoir pas accompli le bien.

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De la pénitence
On Repentance Compare
Über die Busse (BKV) Compare
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Einleitung: Kathechteische Schriften (Über die Schauspiele, Über die Idolatrie, über den weiblichen Putz, An die Märtyrer, Zeugnis der Seele, über die Busse, über das Gebet, über die Taufe, gegen die Juden, Aufforderung zur Keuschheit)
Elucidation - On Repentance

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