III.
Ouvrant donc l'Evangile il lut ce qui suit: « Pendant qu'ils s'entretenaient ainsi, Jésus se trouva debout au milieu d'eux et leur dit : « La paix soit avec vous; c'est moi, ne craignez rien ». Ceci, ajouta Félix, se passa après la résurrection, puis il continua de lire : « Mais troublés et saisis de frayeur, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : Pourquoi vous troublez-vous, et pourquoi s'élève-t-il tant de pensées dans vos coeurs ? Regardez mes mains et mes pieds, c'est moi-même. Touchez et comprenez qu'un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez que j'en ai. A ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds. Mais comme ils ne croyaient point encore, tant ils étaient transportés de joie et d'admiration, il leur dit : Avez-vous là quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. Après qu'il eut mangé devant eux, il recueillit les restes, les leur donna et leur dit: Voilà ce que je vous disais étant encore avec vous, qu'il fallait que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les psaumes; s'accomplît. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Ecritures. Puis il leur dit : Il est écrit qu'il fallait que le Christ souffrît de la sorte, qu'il ressuscitât le troisième jour et qu'on a prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem. Or, vous êtes témoins de ces choses. Et je vais vous envoyer le don que mon Père vous a promis ; cependant, ne sortez pas de la ville jusqu'à ce que vous soyez revêtus de la force d'en haut[^1] ».
Augustin déposa alors le texte de l'Évangile, prit celui des Actes des Apôtres et dit : Nous venons d'entendre l'Evangéliste rappelant la promesse faite par Jésus-Christ et contenue aussi dans l'Évangile de saint Jean, comme Félix, ici présent, en a fait l'observation. En effet, c'est en saint Jean que nous lisons ces paroles du Sauveur : « Je vous envoie le Saint-Esprit Paraclet[^2] ». Quant au passage que je viens de citer, il est tiré de saint Luc, qui, en ce point, est parfaitemend d'accord avec le disciple bien-aimé. Voyons donc de quelle manière cette promesse s'accomplit; si nous trouvons dans les livres de la sainte Eglise l'accomplissement formel de cette promesse, nous n'aurons plus à chercher un autre Saint-Esprit, et nous échapperons ainsi aux séductions qui nous sont offertes pour nous faire tomber dans l'erreur.
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Luc, XXIV, 38-49.
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Jean, XVI, 7.
