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Julien. Malgré les angoisses cruelles qui m'accablent, malgré l'indignation et la compassion entre lesquelles mon âme se trouve partagée, à la vue des maux effroyables qui
affligent aujourd'hui les églises, je n'avais pas cependant renoncé à la foi de ma promesse : j'avais contracté une dette, et je voulu prendre soin de l'acquitter. Car dans les livres composés sous ma dictée contre les écrits d'Augustin, et adressés à notre frère, l'évêque Turbantius, homme tout à fait remarquable par l'éclat de ses vertus éminentes, j'ai promis, si aucun accident ne venait me rendre l'étude impossible, de répondre immédiatement à tous les arguments de ceux qui, suivant le sentiment des Manichéens, soutiendraient la transmission du péché, en d'autres termes, l'existence du mal naturel : jusqu'à présent, des nécessités différentes, mais incontestables, m'ont fait retarder l'accomplissement de ce devoir.
Augustin. Plût à Dieu que tu suivisses l'exemple de Turbantius, qui a secoué le joug de ton erreur depuis que tu lui as adressé ces écrits, et malgré les éloges que tu lui donnes en le proclamant un homme remarquable par l'éclat de ses vertus éminentes ! D'ailleurs, il a été répondu à ces livres dont tu parles, on t'a démontré que tes efforts n'ont d'autre but que d'obscurcir, en les flétrissant du nom de Manichéisme, les vérités catholiques les plus lumineuses et que l'étude des saintes Ecritures rend tout à fait évidentes.
