4.
— Vous le dites fort bien, répliqua-t-il, c'est là notre but, le terme que nous devons atteindre, et il importe de savoir par quel moyen nous pouvons y parvenir. Et comme nous lui confessions simplement notre ignorance, il ajouta : Dans tout art, dans toute profession, vous ai-je dit, il y a un but que l'esprit veut atteindre et qu'il poursuit sans cesse; et s'il n'y travaille pas avec ardeur et persévérance, il ne pourra jamais réussir. En effet, le laboureur qui a pour but de vivre , dans la paix et l'abondance , du produit de ses riches moissons, prend tous les moyens d'arriver au terme de ses désirs. Il arrache les ronces de son champ, il en ôte toutes les herbes mauvaises, et il n'espère le repos qu'il ambitionne que comme la récompense de son travail et de ses efforts.
Le marchand ne cesse d'acheter ce qui doit assurer sa fortune, car il ne ferait aucun profit s'il en négligeait les moyens; ceux qui aspirent aux honneurs du monde suivent avec courage la route qui peut seule les conduire aux grandeurs. Nous, la fin de notre vie est le royaume de Dieu; nous devons choisir avec soin notre but, la route que nous devons prendre ; car, si nous ne la connaissions pas, nous marcherions, nous nous fatiguerions en vain. Ces paroles nous troublèrent; le vieillard ajouta : La fin de notre profession est le règne de Dieu; le royaume céleste; notre but, notre route pour y arriver, est la pureté du coeur, sans laquelle nous n'y parviendrons jamais. C'est vers ce point qu'il faut nous diriger en droite ligne; si nous en détournons un instant notre pensée, nous devons l'y ramener sur-le-champ, car ce doit être là le terme de tous nos efforts et la règle qui nous fera reconnaître la moindre erreur.
