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Works Jerome (347-420) Consolations adressées à un malade

5.

Mais pourquoi s'étendre davantage sur cette matière? Personne n'arrive à un degré plus éminent de, perfection que par les tentations; ce n'est que par là que l'on triomphe, que l'on est couronné. Il est donc nécessaire qu'en supportant d'abord de légères afflictions, nous nous accoutumions à supporter les plus rudes et les plus âpres. La fin de la milice où nous sommes enrôlés est de traverser d'un pas ferme toutes les difficultés et de supporter courageusement le fardeau des misères. Le chemin du ciel ne nous est ouvert qu'au travers des douleurs, des afflictions et des souffrances; et celui qui n'est point exposé aux tentations ne marche point par ce chemin. Dieu appelle au ciel celui que les souffrances y conduisent accompagné de la victoire , et des couronnes d'une éternelle durée l'y attendent. Cependant nous commande-t-il de faire quelque chose d'impossible et qui aille au-delà des bornes d'un ,juste commandement? exige-t-il de nous quelque chose qui soit au-delà de nos forces? Tout ce que nous demande ce juge équitable est proportionné à notre pouvoir. Saint Paul est un témoin irréprochable de cette vérité : « Dieu est juste , » dit-il , « et il ne permettra pas que nous soyons exposés à des tentations au-delà de ce que nous pourrons en supporter. » Soyons persuadés que Dieu nous conduit de la même manière qu'un maître conduit ses écoliers : il demande plus de travail à ceux dont la vivacité de l'esprit brille entre les autres. Et même nous donnons aux animaux soumis à notre puissance des fardeaux qui répondent à leurs forces : nous en donnons de plus pesants aux plus forts , de légers aux faibles ; et l'habitude , qui les fortifie par l'exercice, leur acquiert insensiblement un degré souverain de force. C'est ainsi que dans nos commencements nous n'avons à supporter que de légères afflictions, afin que nous nous préparions à en supporter dans la suite de plus rudes et de plus fâcheuses. Cette vérité est confirmée par quantité de passages de l'Écriture sainte : cependant je l'appuierai par un exemple tiré de l'histoire profane; car quand un bien est commun, il est permis de nous servir de la part que nous y avons. Pensez-vous que les Lacédémoniens haïssent leurs propres enfants quand ils mettent leurs corps tendres et délicats à de dures épreuves. Ils les font fouetter publiquement; et alors qu'ils sont tout déchirés et demi-morts, ils les exhortent à endurer courageusement les coups et à souffrir blessure sur blessure. Faut-il donc vous étonner si Dieu, qui récompense de sa gloire les vainqueurs, vous expose vous et ses autres enfants à de si pénibles tentations? Voilà ce qu'il promet à ceux qui auront tout enduré : « Celui, » dit-il,« qui persévérera jusqu'à la fin sera sauvé; » et en un autre endroit : « Venez à moi, vous tous qui travaillez et qui êtes chargés; et je vous donnerai le repos. » Une souffrance passagère et de peu de durée est le prix de l'éternité; la fermeté avec laquelle vous aurez supporté la tribulation vous sera à jamais une source féconde de plaisirs. Parmi nous on cherche dans l'esclavage à régner, on achète la sûreté par des périls, on acquiert le repos par des travaux et par des sueurs ; « car la vertu, » dit saint Paul, « se fortifie par les infirmités. ,Il est sans doute plus avantageux de supporter les langueurs d'un corps affligé de quelque légère maladie que de porter dans un corps sain et robuste une conscience condamnée à des tourments éternels ; et même la plupart deviennent malades à cause de leurs péchés, qui leur rendent le corps impropre à ses exercices ordinaires. Quand le corps n'est atteint d'aucune infirmité, il tombe dans un relâchement de langueur, et précipite avec lui l'homme qui se porte bien dans un abîme de crimes. Croyez-vous que ceux-là jouissent de la liberté ou de la santé qui sont engagés dans les plaisirs? Ils ne sont, pas chargés de liens à la vérité, mais l'impudicité les tient attachés à des entraves indissolubles; ils sont arrêtés dans les piéges des plaisirs, comme des oiseaux tombés dans les embuscades des chasseurs, qui s'embarrassent en tâchant de s'enfuir. Il n'y a que les malades qui se portent bien ; celui-là est en santé que Dieu reprend par quelque sorte de châtiment que ce soit, car il témoigne son affection aux hommes en les châtiant. « Je reprends, » dit-il, « et je châtie ceux que j'aime. » Que l'on ne croie pas donc que l'on soit en santé pour ne sentir aucune infirmité, et pour ne point user des remèdes de la maladie. C'est être fort malheureux qu'être nonchalamment assoupi parmi les douceurs d'une. trop grande félicité, qu'être flatté par les apparences d'une santé trompeuse qui nous séduit; et qui sera suivie d'une maladie d'éternelle durée dans laquelle l'homme tout entier souffrira des douleurs inconcevables. On arrive à cette maladie par autant de chemins qu'il y a de sortes de voluptés, on y arrive par tout ce que l'impureté nous suggère quand nous sommes une fois engagés dans le vice : il nous traîne à la mort par un labyrinthe d'où l'on ne peut sortir pour rentrer dans le bon chemin, et nous y courons comme les ruisseaux, qui ne remontent jamais vers leur source. Les pécheurs s'imaginent passer agréablement la vie, mais ils en trouvent la fin pleine d'amertume par les maux qui les attendent à la mort. Que sert-il d'avoir couru heureusement s'il faut mourir quand la course est finie? En vain un vaisseau traverse les mers, surmonte les vagues et brave les vents, s'il périt au port et s'il n'y porte que les débris de son naufrage. Il vaut donc mieux arriver heureusement au port de la gloire sous la conduite des souffrances que périr pour une éternité, après avoir consommé dans les délices une vie de courte durée.

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