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Œuvres Némésius d'Émèse (350-420) De natura hominis Introduction: De la nature de l'homme

NOTICE SUR NÉMÉSIUS PAR M. DE GÉRANDO.

On ignore quelle est l'époque précise à laquelle vécut Némésius, auteur d'un traité de psychologie supérieur en mérite à celui de St-Augustin, et qui mérite certainement d'occuper un rang distingué dans l'histoire de cette science. Cet ouvrage est le même que les huit livres sur la Philosophie faussement attribués à St-Grégoire, évêque de Nysse. On sait que Némésius était évêque et philosophe platonicien, et qu'il était né à Émèse, ville de Phénicie. On peut conjecturer, d'après le contenu de son traité, qu'il l'écrivit entre la fin du quatrième siècle et le milieu du cin- viii quième. Il y fait preuve d'une étude approfondie de la philosophie des anciens ; il y présente un résumé rapide et lumineux de leurs opinions sur les facultés de l'âme. Véritable éclectique, s'il cite Pythagore, Platon, Aristote, les Stoïciens, les nouveaux Platoniciens, c'est toujours en les jugeant, souvent en les réfutant; il pense constamment d'après lui-même. Il adopte l'hypothèse de Platon sur la préexistence des âmes, hypothèse qui avait été reproduite par Origène, et qui fut condamnée, en 551, par le concile de Constantinople. Si, avec Porphyre et Platon, il suppose que la transmigration des âmes s'opère d'homme à homme seulement, et non de l'homme aux animaux, c'est en s'appropriant ces idées par des motifs qui lui sont personnels, et non par une déférence aveugle pour l'autorité d'aucun maître. Il rejette le système de Plotin, qui avait distingué l'âme de l'intelligence. Il définit l'âme, « une substance intelligente à laquelle le corps sert d'instrument. » A une érudition peu commune il joint un mérite plus rare encore à cette époque, et spécialement chez les écrivains ecclésiastiques, celle de l'anatomie et de la physiologie; il ix professe une haute admiration pour Galien, ce qui ne l'empêche pas de modifier quelquefois les vues de ce célèbre médecin.

Ce traité commence par une belle exposition de l'harmonie qui préside à l'ensemble des œuvres du Créateur, et de cette échelle progressive qui, partant de la matière brute, s'élève insensiblement, de règne en règne, par tous les degrés de l'organisation jusqu'à la plus parfaite des créatures. On voit, par ce qu'il dit sur les propriétés de l'aimant, qu'il n'était point étranger à l'observation des phénomènes de la nature, quoiqu'on retrouve souvent en lui les erreurs attachées à l'imperfection dont étaient atteintes de son temps les sciences physiques. « L'homme qui siège au sommet de cette échelle, placé comme sur les confins de deux régions, participe à la fois de l'une et de l'autre, et leur sert de lien commun. L'homme est comme un miroir où se peint en petit l'univers entier. Tout ce qui est privé de raison doit être au service de la raison. »

Némésius compare et discute les opinions des principaux philosophes sur la nature de l'âme; il montre qu'elle est immatérielle, x qu'elle n'est point le résultat de l'organisation, qu'elle n'est point une simple habitude, qu'elle n'est point une entéléchie comme l'avait prétendu Aristote. « L'âme est unie au corps, mais non confondue avec lui. » Il réfute l'opinion d'Apollinaire qui avait supposé pour les esprits une génération semblable à celle des corps, l'opinion des Manichéens qui, d'après les traditions orientales, admettaient une âme unique et universelle répandue dans tous les êtres.

« L'imagination est une faculté de l'âme, en tant qu'elle est privée de la raison, faculté qui s'exerce à l'aide des sens; l'image est pour elle ce que la sensation est relativement aux sens; les affections s'éveillent dans l'âme lorsqu'elle conçoit, comme dans le siège des sens lorsqu'elle éprouve des sensations extérieures. Une partie des facultés de l'âme est destinée à servir, une autre à commander; les organes des sens, les mouvements, les appétits appartiennent à celles-là, la raison à celles-ci. »

Némésius donne une théorie entière de la sensation, pleine d'observations judicieuses; il y rapproche les phénomènes physiologiques xi des phénomènes intellectuels; distingue les sensations reçues des jugements qui les accompagnent, et montre que l'erreur s'attache seulement à ceux-ci. Il fait voir que l'intervention de la mémoire et du jugement est nécessaire pour concevoir toute notion de nombres supérieurs à l'image que le regard peut discerner d'un seul coup d'œil. Il rejette l'opinion de Porphyre, qui, d'après Plotin, prétendait que l'âme, dans la sensation, ne fait que se voir elle-même, parce qu'elle renferme tout en elle-même. « La mémoire conserve les perceptions obtenues par les sens; la pensée combine, élabore les matériaux livers par la sensation et la mémoire. »

Cependant Némésius distingue avec Platon les simples perceptions obtenues par les sens et les notions qui appartiennent à l'intelligence. « Les premières ne forment que des opinions; les secondes seules composent la science. Celles-ci ne dérivent point d'une imagination intérieure, elles sont le produit de l'instruction ou le résultat d'une lumière naturelle. Nous appelons notions naturelles celles que tous les hommes possèdent sans le secours d'aucune instruction, comme celle de xii Dieu par exemple. « Nous pouvons savoir l'existence de choses que nous sommes inhabiles à déterminer; ainsi la raison reconnaît l'existence de la mer et du sable, quoiqu'elle ne puisse fixer les limites de la mer et le nombre des grains de sable. Nous concevons alors l'ensemble, sans pouvoir faire le dénombrement des parties. »

Il distingue avec soin les déterminations volontaires et involontaires, les caractères propres à chacune ; il fait voir comment certaines déterminations que la réflexion peut rendre volontaires, sont souvent involontaires par le seul fait de notre ignorance; comment ce qui est l'objet de l'examen diffère de ce qui est l'objet de la délibération. « La science est la matière de l'examen; l'art est celle de la délibération. Nous nous troublons souvent, dit-il, parce que nous confondons ces deux ordres de choses. »

La psychologie de Némésius est généralement fondée sur l'observation et l'expérience; il semble s'être proposé de prendre Galien pour modèle et pour guide, avec la seule différence que Galien avait essentiellement pour but d'étudier l'organisation physique, xiii et n'observait la nature morale que d'une manière occasionnelle et dans ses rapports avec celle-là; tandis que Némésius, au contraire, se propose essentiellement pour but l'étude de la nature morale, et n'observe l'organisation physique qu'en vue des instruments qu'elle offre à l'exercice des facultés intérieures. Ce trait caractéristique distingue Némésius de tous les philosophes qui ont paru sur la scène depuis les Antonins jusqu'à Roger Bacon, et lui assigne un rang à part.

On ne peut assez s'étonner de le voir apparaître ainsi seul au milieu d'une longue suite de siècles, marchant sur les traces d'Hippocrate et d'Aristote. On ne s'étonne pas moins de remarquer qu'il ait obtenu si peu d'attention ; on ne le trouve cité par aucun écrivain de cet âge; il est à peine soupçonné des modernes; aucun historien de la philosophie n'a jusqu'à ce jour résumé son traité de la Nature de l'Homme, et ne paraît même en avoir pris connaissance.

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κεφαλαίωδης περὶ φύσεως ἀνθρώπου
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Anthropologie
De la nature de l'homme
Commentaires sur cette œuvre
Einleitung und Vorwort zur Anthropologie Nemesios von Emesa
Introduction: De la nature de l'homme

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