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Œuvres Tertullien (160-220) Adversus Hermogenem

Edition Masquer
Adversus Hermogenem

III.

[1] Adicit et aliud: deum semper deum etiam dominum fuisse, nunquam non dominum. Nullo porro modo potuisse illum semper dominum haberi, sicut et semper deum, si non fuisset aliquid retro semper cuius semper dominus haberetur; fuisse itaque materiam semper deo domino. [2] Hanc coniecturam eius iam hinc destruere properabo, quam hactenus propter non intellegentes adiecisse duxi, ut sciant cetera quoque argumenta intellegi quam reuinci. [3] Dei nomen dicimus semper fuisse apud semetipsum et in semetipso, dominum uero non semper. Diuersa enim utriusque condicio: [sed] deus substantiae ipsius nomen, id est diuinitatis, dominus uero non substantiae sed potestatis. Substantiam semper fuisse cum suo nomine quod est deus; postea dominus, accedentis scilicet rei mentio. [4] Nam ex quo esse coeperunt in quae potestas domini ageret, ex illo per accessionem potestatis et factus et dictus est dominus, quia et pater deus est et iudex deus est, non tamen ideo pater et iudex semper, quia deus semper, nam nec pater potuit esse ante filium nec iudex ante delictum. Fuit autem tempus cum ei delictum et filius non fuit quod iudicem et qui patrem dominum faceret. Sic et dominus non ant ea quorum dominus existeret sed dominus tantum futurus quandoque, sicut pater per filium, sicut iudex per delictum, ita et dominus per ea quae sibi seruitura fecisset. [5] Argumentari tibi uideor, Hermogenes? Nauiter scriptura nobis patrocinatur, quae utrumque nomen ei distinxit et suo tempore ostendit. Nam 'deus' quidem, quod erat semper, statim nominat: In principio fecit deus caelum et terram, ac deinceps, quamdiu faciebat quorum dominus futurus erat, 'deus' solummodo ponit: Et dixit deus et fecit deus et uidit deus, et nusquam adhuc 'dominus'. At ubi uniuersa perfecit ipsumque uel maxime hominem qui, proprie dominus, et intellecturus erat dominum? et iam cognominaturus, tunc etiam 'dominus' nomen adiunxit: Et accepit deus dominus hominem quem finxit; et praecepit deus dominus Adae. Exinde dominus qui retro deus tantum, ex quo habuit cuius esset. Nam deus sibi erat, rebus autem tunc deus cum et dominus. [6] Igitur in quantum putabit ideo materiam semper fuisse quia dominus semper esset, in tantum constabit nihil fuisse, quia constat dominum non semper fuisse. [7] Adiciam et ego propter non intellegentes quorum Hermogenes extrema linea est, et quidem ex penitentia ipsius retorquebo aduersus illum. Cum enim neget materiam natam aut factam, sic quoque inuenio domini nomen deo non competisse in materiam, qua libera fuerit necesse est quae originem non habendo non habuit rem, quod erat nemini debens ideoque nemini seruiens. Itaque ex quo deus potestatem suam exercuit in eam faciendo ex materia, ex illo materia dominum deum passa demonstrat hoc illum tamdiu non fuisse quamdiu fuit hoc.

Traduction Masquer
Contre Hermogène

III.

Il ajoute encore: Dieu a toujours été Dieu; toujours aussi il a été Seigneur; pas un moment où il n'ait été Dieu. Or, il ne pourrait avoir été toujours Seigneur, non plus que toujours Dieu, si quelque chose n'avait toujours existé autrefois, dont il fût toujours le Seigneur; donc la Matière a toujours existé avec Dieu.

Hâtons-nous de réduire au néant cette dernière opinion d'Hermogène que j'ai cru devoir ajouter ici à cause de ceux qui ne comprennent pas pourquoi cette addition, afin qu'ils sachent que tous ses autres raisonnements sont aussitôt réfutés que compris. Nous déclarons que le nom de Dieu a de toute éternité résidé en lui-même; mais il n'en va point ainsi du nom de Seigneur, parce que la nature de l'un et de l'autre diffère. Dieu est le nom de la substance elle-même, c'est-à-dire de la divinité. Seigneur, au contraire, n'est pas le nom de la substance, mais de la puissance; la substance a toujours existé avec son nom, qui est Dieu. Seigneur est la mention d'une chose nouvellement survenue. Car, à dater du jour où il y eut pour la première fois des êtres sur lesquels s'exerça la puissance du Seigneur, dès ce moment il est devenu et il a été appelé Seigneur, par cet accroissement de puissance. Parce que Dieu est père, Dieu est aussi juge; mais il ne s'ensuit pas qu'il ait toujours été père, ni qu'il ait toujours été juge, parce qu'il a toujours été Dieu. En effet, il n'a pu être père avant d'avoir un fils, ni juge avant qu'il y eût des offenses. Or, il y a eu un temps où il n'existait ni offense pour faire de Dieu un juge, ni fils pour faire de lui un père. De même, il n'a pas été Seigneur avant le domaine qui le constituât Seigneur; mais comme il devait être Seigneur un jour, ainsi qu'il est devenu père par un fils, ainsi qu'il est devenu juge par une offense, il est devenu Seigneur par les êtres qu'il avait créés pour le servir.

---- Pures subtilités! s'écrie Hermogène.

---- Nous avons pour nous le patronage de l'Ecriture, qui distingue en Dieu ces deux noms, et les manifeste chacun en leur temps. En effet, Dieu s'appelle d'abord Dieu, ce qu'il était toujours: « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. » Ensuite, tant qu'il crée les êtres dont il allait devenir Seigneur, il dit encore simplement: « Et Dieu dit.... Et Dieu fit.. Et Dieu vit... » Nul part alors de Seigneur. Mais il n'a pas plutôt créé l'univers et surtout l'homme lui-même, qui devait seul connaître son Seigneur, qu'il se surnomme Seigneur. Alors aussi il ajoute à son nom ce titre: « Et le Seigneur Dieu prit l'homme qu'il avait formé.... Et le Seigneur Dieu commanda. » Dès ce moment, Dieu qui n'était que Dieu, devint Seigneur, depuis qu'il y eut un domaine dont il fût le maître. Jusque là, il était Dieu pour lui-même; il commença d'être Dieu pour les choses, lorsqu'il en fut le Seigneur. Conséquemment, plus on s'imagine que la Matière a toujours subsisté, par la raison que Dieu a toujours été Seigneur, plus il est constant que rien n'a existé, puisqu'il est certain que Dieu n'a pas toujours été Seigneur.

J'ajoute encore une réflexion à cause de ceux qui ne comprennent pas; ---- Hermogène en est la dernière limite, ---- et je retourne contre lui ses propres conceptions. Puisqu'il nie que la Matière ait pris naissance ou qu'elle ait été faite, je trouve encore que le nom de Seigneur ne convient pas à Dieu par rapport à la Matière, car il faut nécessairement qu'elle ail été libre, puisque n'ayant point eu de commencement, elle n'a pu avoir de Créateur: ce qui existe par soi-même n'est asservi à qui que ce soit. Par conséquent, depuis que Dieu a exercé sur elle sa puissance, en produisant à l'aide de la Matière, dès ce moment, la Matière en subissant l'action de Dieu à titre de Seigneur, prouve invinciblement que Dieu n'a pas été Seigneur de tout temps.

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