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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Des devoirs à rendre aux morts

CHAPITRE PREMIER. EST-IL UTILE A UN MORT D'ÊTRE ENSEVELI AUPRÈS DU TOMBEAU D'UN MARTYR?

1. Je suis votre débiteur depuis longtemps, cher collègue dans l'épiscopat , vénérable Paulin ; car il y a longtemps que vous m'avez fait remettre une lettre par les gens de notre très-religieuse fille Flora, pour me demander s'il est utile à quelqu'un qui est mort que son corps soit enseveli auprès du tombeau d'un saint. La veuve susnommée vous avait fait une demande de ce genre pour son fils décédé dans votre pays; et vous lui avez répondu par une lettre de consolation, lui annonçant en même temps que le voeu de sa piété et de son amour maternel était accompli , et que le cadavre du fidèle jeune homme Cynégius était déposé dans la basilique du bienheureux confesseur Félix.

A cette occasion vous m'avez écrit à moi-même, par les messagers porteurs de la lettre destinée à la veuve. En me soumettant la question, vous me demandez de vous faire connaître mon opinion, sans me taire la vôtre. A votre avis, ce ne sont pas de vains sentiments qui portent les âmes religieuses et fidèles à rendre ces sortes de soins à leurs morts. Vous ajoutez de plus qu'on ne peut taxer de vaine pratiques la coutume universelle dans l'Eglise d'adresser des supplications pour les défunts; et vous croyez pouvoir aussi conclure de là qu'il est utile à un homme, après la mort, que la piété de ses proches pourvoie à l'inhumation de son corps en choisissant un lieu de sépulture tel, qu'il apparaisse qu'on réclame pour lui le secours des saints.

2. Cela posé, vous vous objectez ce que dit l'Apôtre : « Nous comparaîtrons tous devant le tribunal du Christ, pour être traités chacun selon ce que nous aurons fait dans notre corps, de bien ou de mal » ; et vous dites que vous ne voyez pas bien comment ce texte peut s'accorder avec notre opinion. Car cette sentence de l'Apôtre nous avertit que ce qui peut être utile après la mort doit être avant la mort, et non pas alors que le moment sera venu de recevoir en proportion de ce que nous aurons fait avant de mourir. Mais voici la solution : c'est qu'il est une manière de vivre par laquelle on mérite, durant la vie du corps, que les soins donnés aux morts soient utiles ; et c'est en ce sens que les actes religieux qu'on fait pour eux après la vie du corps, les aident selon ce qu'ils ont fait durant cette vie du corps. Car il en est qui ne retirent aucune aide de ce qu'on fait pour eux; savoir ceux qui ont fait tant de mal qu'ils sont indignes d'être ainsi secourus, et ceux qui ont fait de bien qu'ils n'ont plus besoin de cette sorte de secours. Ainsi le genre de vie que chacun a mené durant la vie du corps, est la cause de l'utilité ou de l'inutilité de tous les pieux devoirs qu'on peut leur rendre après cette vie. En effet, s'ils n'ont acquis en-deçà du tombeau aucun mérite en vertu duquel ces devoirs peuvent leur être utiles, vous ne leur en trouverez pas davantage au delà.

Donc, d'une part, ni l'Eglise, ni les familles ne font une chose vaine en entourant les défunts de tant de soins religieux; et d’un autre côté, chacun n’en est pas moins traité selon ce qu’il a fait de bien ou de mal durant la vie du corps, et le Seigneur le rend à chacun selon ses oeuvres. Car si les soins pieux sont utiles à quelqu'un après la mort, c'est qu'il l'a mérité durant cette vie.

3. Cette courte solution pourrait suffire pour répondre à votre demande. Mais je réclame quelque temps votre attention pour traiter d'autres questions qu'elle soulève. Nous lisons dans, les livres des Machabées qu'un sacrifice fut offert pour les morts,. Mais lors même qu'on ne lirait rien de semblable dans les anciennes Ecritures, nous avons sur ce point l'autorité si grave de l'Eglise universelle, évidemment constatée par la coutume, puisque la recommandation des morts a sa place dans les prières que le prêtre adresse au Seigneur Dieu à son autel. 1


  1. II Mach. XII, 43.  ↩

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