Edition
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Vita S. Hilarionis
3.
Audiens autem tunc celebre nomen Antonii, quod per omnes Aegypti populos ferebatur, incensus visendi eius studio, perrexit ad eremum. Et statim ut eum vidit, mutato pristino habitu, duobus [Ms. tribus] fere mensibus iuxta eum mansit, contemplans ordinem vitae eius morumque gravitatem. Quam creber in oratione, quam humilis in suscipiendis fratribus, severus in corripiendis, alacer in exhortandis esset: et ut continentiam, cibique eius [0030B] asperitatem nulla umquam infirmitas frangeret. Porro frequentiam eorum, qui ad eum ob varias passiones aut impetus daemonum concurrebant, ultra non ferens: nec congruum esse ducens, pati in eremo populos civitatum: sicque sibi magis incipiendum esse, ut coepisset Antonius; illum quasi virum fortem victoriae praemia accipere: se necdum militare coepisse; reversus est cum quibusdam Monachis ad patriam: et parentibus iam defunctis, partem substantiae fratribus, partem pauperibus largitus est, nihil sibi omnino reservans, et timens illud de Actibus Apostolorum, Ananiae et Sapphirae vel exemplum, vel supplicium; maximeque Domini memor, dicentis: Qui non renuntiaverit omnibus quae habet, non potest meus esse discipulus (Luc. XIV, 33). Erat [0030C] autem tunc annorum quindecim. Sic nudus, et armatus in Christo, solitudinem, quae in septimo milliario a Maioma Gazae emporio per littus euntibus Aegyptum, ad laevam flectitur, ingressus est. Cumque essent cruenta latrociniis loca, et propinqui amicique eius imminens periculum denuntiarent, contempsit mortem, ut mortem evaderet.
Traduction
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Vie de Saint Hilarion
3.
Ayant entendu parler de saint Antoine, dont le nom était si célèbre dans toute l'Égypte, l'extrême désir qu'il eut de le voir le fit aller dans le désert ; et aussitôt qu'il eut reçu cette consolation, il changea d'habit et demeura près de deux mois auprès de lui, observant avec grand soin sa manière de vivre et la gravité de ses moeurs, quelle était son assiduité en l'oraison, son humilité à recevoir ses frères, sa sévérité à les reprendre, sa gaîté à les exhorter, et comme nulle infirmité n'était capable d'interrompre son abstinence en toutes choses et l'âpreté de ses jeûnes.
Mais, ne pouvant souffrir davantage l'abord et la multitude de ceux qui venaient de tous côtés chercher saint Antoine pour être soulagés de diverses maladies, et particulièrement de l'obsession des démons, et disant que, puisqu'il n'y avait point d'apparence de voir dans le désert autant de monde que dans les villes, il fallait qu'il commençât ainsi qu'avait commencé Antoine, lequel, comme un vaillant soldat, pouvait alors jouir du fruit de ses victoires, au lieu que lui n'était pas encore seulement entré dans le combat, il s'en retourna en son pays avec, quelques solitaires; et ses parents étant déjà morts, il donna une partie de son bien à ses frères et l'autre aux pauvres, sans se réserver chose quelconque, à cause que cet exemple ou ce supplice d'Ananias et de Saphira, que nous voyons dans les Actes des apôtres, lui faisait peur, et principalement parce qu'il avait gravé dans son esprit cette parole de notre Seigneur : « Celui qui ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne saurait être mon disciple. »
Il n'avait lors que quinze ans; et, s'étant en cette sorte dépouillé de toutes choses et armé de Jésus-Christ, il entra dans cette solitude qui, étant sur la main gauche lorsque l'on va en Egypte le long du rivage, est éloignée de sept milles de Majma, où se fait tout le trafic de Gaza. Ces lieux étant remplis de meurtres par les brigandages qui s'y faisaient, et ses proches et ses amis l'ayant averti d'un si grand péril, il méprisa la mort pour éviter une autre mort.